Comprendre la sphère émotionnelle du jeune enfant
- audrey ALLIAGA
- il y a 19 heures
- 3 min de lecture
Un enjeu clé pour mieux l’accompagner au quotidien
Les émotions font partie intégrante de la vie du jeune enfant. Avant même de savoir parler, il ressent, vit et exprime une palette d’émotions intenses qui peuvent parfois désarçonner les adultes. Comprendre ce qui se joue dans cette sphère émotionnelle permet aux parents et aux professionnels de la petite enfance d’accompagner l’enfant avec bienveillance, sécurité et confiance.

Qu’est-ce que la sphère émotionnelle ?
La sphère émotionnelle englobe l’ensemble des émotions ressenties par l’enfant, sa capacité à les identifier, les exprimer et peu à peu à les réguler. Elle est en lien direct avec son développement affectif et social.
Dès la naissance, l’enfant est équipé pour ressentir des émotions primaires telles que la joie, la colère, la tristesse, la peur ou encore le dégoût. Progressivement, à mesure que son cerveau se développe (notamment le cortex préfrontal), il apprend à mieux comprendre ce qu’il vit, à exprimer ses besoins autrement que par des pleurs ou des cris, et à trouver des stratégies pour gérer ses émotions avec l’aide des adultes.
Pourquoi est-ce si important ?
Les recherches en neurosciences affectives montrent que les premières années de vie sont déterminantes pour poser les bases de l’intelligence émotionnelle. Un enfant qui se sent entendu, compris et soutenu dans ses émotions sera plus à même, plus tard, de :– construire des relations harmonieuses avec les autres ;– gérer des situations de stress ou de frustration ;– avoir confiance en lui et en ses compétences.
À l’inverse, si ses émotions sont ignorées, minimisées ou jugées (« Ce n’est rien ! », « Arrête de pleurer ! »), l’enfant peut développer de l’insécurité affective ou des difficultés à exprimer ce qu’il ressent.
Comment accompagner l’enfant dans ses émotions ?
Que l’on soit parent, assistante maternelle ou professionnel en crèche, il existe des gestes simples qui nourrissent l’équilibre émotionnel de l’enfant.
1. Nommer ses émotions
Mettre des mots sur ce que l’enfant ressent l’aide à mieux comprendre ce qui se passe en lui.
Exemple : « Tu es en colère parce que tu voulais encore jouer et on doit partir. »Ou : « Tu es triste parce que ton papa est parti au travail. »
2. Accueillir sans juger
Il est normal qu’un tout-petit pleure fort, tape du pied ou hurle face à une frustration. Notre rôle est de rester un repère calme.
Exemple : « Je vois que c’est difficile pour toi. Je suis là. »
3. Proposer des stratégies d’apaisement
Peu à peu, on peut montrer à l’enfant des moyens de retrouver son calme.
Exemple : souffler doucement ensemble, serrer un doudou, aller s’asseoir dans un coin calme…
4. Montrer l’exemple
Les enfants apprennent beaucoup par imitation. En tant qu’adultes, verbaliser nos propres émotions de manière adaptée est un modèle précieux.
Exemple : « Je suis un peu fatiguée aujourd’hui, je vais respirer un peu. »
Et face aux « grosses colères » ?
Les tempêtes émotionnelles (que l’on appelle parfois « crises ») sont fréquentes entre 1 et 4 ans car l’enfant vit de grands bouleversements (frustrations, oppositions, fatigue).
Dans ces moments-là, l’enfant n’a pas encore la capacité cérébrale de se calmer seul. Le maintenir en sécurité, garder une voix posée, éviter de crier ou menacer, et l’accueillir une fois la colère passée lui permettront de mieux comprendre ce qu’il a traversé
Exemple : après une colère, dire « C’était une grosse colère. Maintenant que tu es calmé, tu veux un câlin ? »
En résumé
Accompagner la sphère émotionnelle du jeune enfant, c’est l’aider à poser les bases d’une bonne santé affective et relationnelle. C’est aussi, pour nous adultes, accepter qu’un enfant n’est pas « sage » ou « capricieux » mais un être en construction, qui a besoin d’être guidé avec patience et empathie.
L’adulte est le tuteur de ses émotions, pas le juge.
« Derrière chaque comportement d’un enfant, il y a une émotion à écouter. »

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