Les réflexes archaïques chez l’enfant : une base essentielle au bon développement
- audrey ALLIAGA
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Avant même de sourire, de marcher ou de parler, le bébé est équipé d’un véritable programme neurologique inscrit dans son corps : les réflexes archaïques. Ces mouvements automatiques, présents dès la naissance (et même avant), sont les premiers outils de l’enfant pour interagir avec son environnement. Mais que sont-ils exactement ? À quoi servent-ils ? Et pourquoi leur intégration est-elle si importante pour le bon développement de l’enfant ?
Qu’est-ce qu’un réflexe archaïque ?
Les réflexes archaïques (ou réflexes primitifs) sont des mouvements involontaires, automatiques, produits par le tronc cérébral, qui apparaissent in utero ou à la naissance. Ils assurent la survie du nourrisson et préparent son corps à des fonctions plus complexes.
Ces réflexes sont transitoires : ils doivent normalement s’inhiber ou s’intégrer entre 6 mois et 2-3 ans pour laisser place à des mouvements volontaires et coordonnés. Lorsqu’ils persistent au-delà de cet âge, on parle de réflexes non intégrés, ce qui peut entraîner des troubles dans les apprentissages, la motricité ou la régulation émotionnelle.
Quelques exemples de réflexes archaïques
Voici les plus connus (et les plus observés !) chez le nourrisson :
1. Le réflexe de Moro
Déclencheur : bruit soudain, sensation de chute.
Réaction : le bébé écarte les bras en croix, ouvre les mains, puis les ramène vers lui.
Fonction : réaction de survie face au danger.
Intégration attendue : vers 4-6 mois.
Un Moro non intégré peut se traduire plus tard par une hypersensibilité au bruit, des réactions de panique, des troubles de l’attention.
2. Le réflexe de succion
Déclencheur : stimulation de la bouche ou des lèvres.
Réaction : succion automatique.
Fonction : alimentation.
Intégration attendue : autour de 3-4 mois.
Ce réflexe est essentiel à la prise alimentaire du nourrisson. Mal intégré, il peut entraîner des troubles oraux (mâchonnement, parole, alimentation).
3. Le réflexe de grasping (agrippement)
Déclencheur : stimulation de la paume de la main.
Réaction : fermeture automatique de la main.
Fonction : lien d’attachement, premier contact.
Intégration attendue : vers 5-6 mois.
Un grasping actif après cet âge peut gêner l’écriture ou la motricité fine.
4. Le réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC)
Déclencheur : rotation de la tête sur un côté.
Réaction : le bras du côté regardé s’étend, l’autre se fléchit.
Fonction : coordination œil-main.
Intégration attendue : vers 6 mois.
S’il persiste, il peut affecter la posture, l’équilibre ou la coordination visuo-motrice.
Pourquoi l’intégration des réflexes est-elle importante ?
Les réflexes archaïques posent les fondations du développement moteur, sensoriel et émotionnel. Lorsqu’ils ne s’intègrent pas correctement, cela peut provoquer des difficultés comme :
troubles de l’attention ou de l’apprentissage,
maladresse motrice ou difficultés en motricité fine,
agitation ou au contraire inhibition,
hypersensibilités sensorielles,
anxiété, difficultés à gérer le stress.
Il est donc essentiel pour les professionnels de la petite enfance, les enseignants ou les parents, de reconnaître les signaux d’un réflexe mal intégré. Des spécialistes, comme les psychomotriciens, ergothérapeutes ou praticiens en réflexes archaïques, peuvent alors proposer un accompagnement adapté.
Que peut-on faire en tant que parent ou professionnel ?
Observer le développement moteur de l’enfant (retournements, ramper, 4 pattes...).
Encourager le mouvement libre : moins de transats, plus de temps au sol.
Favoriser le portage et les interactions corporelles.
Jouer avec l’enfant : jeux de balancement, d’équilibre, de motricité.
Consulter un professionnel si certains signes persistent : retard moteur, hypersensibilité, posture figée...
En conclusion
Les réflexes archaïques sont des alliés précieux et naturels dans les premiers mois de vie. Ils ne sont ni des anomalies, ni des “problèmes” en soi, mais des étapes de maturation du système nerveux. Leur observation attentive et leur intégration progressive permettent à l’enfant de grandir en équilibre, dans son corps et dans sa tête.

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