top of page

L’approche Piklérienne : une vision respectueuse du développement du jeune enfant

Dans le monde de la petite enfance, certaines approches éducatives suscitent l’admiration par leur finesse, leur humanité et leur compréhension profonde des besoins du tout-petit. L’une d’elles, encore parfois méconnue du grand public, est l’approche Piklérienne, du nom du pédiatre hongrois Emmi Pikler.

Mais en quoi consiste cette approche ? Pourquoi est-elle si précieuse, aussi bien pour les parents que pour les professionnels ? Et surtout, comment peut-elle changer notre regard sur les bébés ?


Emmi Pikler : une pédiatre au regard novateur

Dans les années 1940, à Budapest, Emmi Pikler dirigea une pouponnière, la Loczy, où elle développa une manière radicalement différente d’accompagner les enfants privés de leurs parents. Son pari : offrir un environnement stable, chaleureux et respectueux pour permettre aux tout-petits de se développer harmonieusement, même en institution.

Aujourd’hui, les principes qu’elle a posés sont repris dans de nombreuses structures d’accueil, et inspirent aussi des parents soucieux de répondre aux besoins profonds de leur enfant.


Les piliers de l’approche Piklérienne

1. Le respect du rythme de l’enfant

Chez Pikler, pas de précipitation. On ne "fait pas marcher" un bébé : on lui laisse le temps d'explorer par lui-même, à son rythme. L’enfant est considéré comme acteur de son développement, capable de trouver ses propres chemins vers l’acquisition des compétences motrices.

Un bébé placé librement sur un tapis, dans un environnement sécurisé, n’a pas besoin qu’on l’asseye ou qu’on le tienne debout. Il va apprendre seul, naturellement, à se retourner, ramper, s’asseoir, puis marcher.

2. La motricité libre

C’est peut-être l’aspect le plus connu de l’approche Piklérienne. L’idée est simple : permettre à l’enfant de bouger librement, sans entraves ni stimulations forcées, dans un espace adapté et sécurisé.

Cela veut dire : pas de trotteur, pas de parc fermé, pas de position imposée. On respecte les étapes naturelles du développement moteur, en faisant confiance à l’enfant.

3. La qualité de la relation adulte-enfant

Chaque moment de soin (change, repas, habillage…) est vu comme une occasion de rencontre. L’adulte prend le temps, explique ce qu’il fait, invite l’enfant à participer, et construit ainsi une relation fondée sur la confiance et la coopération.

C’est une approche relationnelle très fine, qui demande de la présence, de l’attention, et surtout… de la lenteur.

4. L’observation bienveillante

L’adulte n’intervient pas pour faire à la place de l’enfant. Il observe, il accompagne, il soutient, mais il n’interfère pas inutilement. Cette posture permet de vraiment comprendre où en est l’enfant, ce qu’il cherche à faire, ce qui l’intéresse.

C’est un changement de regard fondamental : on ne "stimule" pas un enfant comme on le remplirait d’activités, on lui offre un cadre dans lequel il peut se déployer en toute sécurité.


Et concrètement, comment appliquer l’approche Piklérienne à la maison ?

Même sans être puriste, on peut s’en inspirer au quotidien :

  • Prévoir un espace au sol sécurisé pour que bébé explore librement (tapis, jeux simples, pas trop de sollicitations).

  • Éviter les positions non acquises naturellement (pas de bébé assis avec des coussins s’il ne sait pas s’asseoir seul).

  • Lors du change, parler à l’enfant, lui dire ce qu’on fait, lui proposer de lever les jambes, lui tendre la couche…

  • Observer plus, intervenir moins. Parfois, l’enfant a juste besoin qu’on soit présent et disponible, sans le guider constamment.


Pourquoi cette approche séduit de plus en plus ?

Parce qu’elle respecte profondément l’enfant, dans ses compétences, son autonomie naissante, son rythme. Elle est aussi en phase avec les avancées en neurosciences, qui montrent combien la sécurité affective et la liberté de mouvement sont fondamentales dans le développement du cerveau.

Elle permet aussi de renouer avec une forme de simplicité : pas besoi

n de jouets sophistiqués ou d’activités en continu. Ce dont l’enfant a le plus besoin, c’est d’un cadre stable, bienveillant, et de liberté d’explorer.


En conclusion

L’approche Piklérienne n’est pas une méthode rigide, mais une philosophie éducative fondée sur la confiance dans les capacités du jeune enfant. Elle invite parents et professionnels à ralentir, à observer, à créer des relations authentiques et à laisser à l’enfant l’espace pour être pleinement lui-même.

Et si, finalement, accompagner un enfant, c’était d’abord le regarder avec respect et émerveillement ?

L'approche Piklérienne
Approche Piklérienne


 
 
 
bottom of page