L’explosion du langage entre 18 mois et 3 ans : un petit miracle quotidien

audrey ALLIAGA
3 juin
3 min de lecture

Entre 18 mois et 3 ans, un phénomène fascinant se produit dans le développement des jeunes enfants : l’explosion du langage. D’un coup, les mots jaillissent, les syllabes s’enchaînent, les petites phrases apparaissent… et le monde devient plus vaste, plus précis, plus riche pour eux comme pour nous.

🌱 De quelques mots… à de vraies phrases !

À 18 mois, la plupart des enfants prononcent une dizaine de mots. Ce sont souvent des mots du quotidien : “maman”, “papa”, “encore”, “dodo”, “lait”. Ce sont des mots fonctionnels, liés à leurs besoins ou aux personnes importantes de leur entourage.

Mais vers 2 ans, quelque chose change. Le langage se structure :

Les enfants associent deux mots : “maman parti”, “veux doudou”, “encore gâteau”.
Puis viennent les premières phrases courtes de trois ou quatre mots : “papa est parti travail”, “veux pas dormir maintenant”.
Et petit à petit, la grammaire se construit, les articles apparaissent, les temps verbaux se dessinent : “le chien a couru”, “j’ai mis mes chaussures”.

À 3 ans, un enfant utilise souvent plus de 500 mots et peut formuler des phrases de 5 à 6 mots. Il commence à raconter des souvenirs, poser des questions… et parfois même à négocier ! 😉

🧠 Pourquoi parle-t-on d’"explosion" ?

Parce que tout s’accélère ! Le cerveau de l’enfant est en ébullition. Il comprend bien plus qu’il ne peut dire, mais chaque jour, il stocke, trie, répète, expérimente.

C’est aussi une période très sensible : le langage devient un outil puissant de communication, de socialisation et même de régulation émotionnelle. Quand l’enfant peut dire “je suis fâché”, il a moins besoin de crier ou de frapper.

📚 Comment les aider à enrichir leur vocabulaire ?

Voici quelques gestes simples mais puissants que tu peux conseiller aux familles ou intégrer dans tes formations pour accompagner au mieux cette période :

1. Lire, relire, re-relire…

Les livres sont de formidables moteurs de langage. Choisis des albums adaptés à leur âge, avec des phrases simples, répétitives, et un vocabulaire riche. La répétition est précieuse : l’enfant anticipe, mémorise, répète. C’est comme une chanson dont il finit par connaître les paroles.

2. Parler avec eux, pas juste à côté

Nomme tout ce qui se passe autour de lui : “Tu mets tes chaussettes rouges”, “Regarde, un papillon s’est posé sur la fleur”. Et surtout, laisse-lui le temps de répondre, même s’il ne dit qu’un mot ou un son. Le silence est une vraie opportunité pour qu’il prenne la parole.

3. Les comptines, des trésors de syllabes

Elles associent rythme, musique et langage : un trio gagnant ! Les rimes, les répétitions, les gestes associés… tout cela aide l’enfant à mémoriser les sons, enrichir son vocabulaire et prendre plaisir à parler.

4. Corriger sans reprendre

Plutôt que de dire “non, on ne dit pas moi veux pomme, on dit je veux une pomme”, reformule simplement : “Ah oui, tu veux une pomme !”. L’enfant entend la bonne version sans se sentir jugé ou découragé.

5. Utiliser le jeu symbolique

Les petites histoires jouées avec des peluches ou des personnages (“le lapin va au marché”, “le dinosaure est triste”) permettent d’imaginer, raconter, dialoguer. Le langage prend alors tout son sens dans des situations concrètes et ludiques.

🎯 Et si l’enfant ne parle pas encore beaucoup ?

Chaque enfant évolue à son rythme. Certains parlent tôt, d’autres observent plus longtemps avant de se lancer. Toutefois, il est important d’être vigilant si :

L’enfant ne dit aucun mot à 2 ans
Il ne cherche pas à communiquer autrement (gestes, regards)
Il ne comprend pas des consignes simples
Il perd du vocabulaire déjà acquis

Dans ces cas, mieux vaut en parler au médecin ou à un orthophoniste. Mieux vaut prévenir que patienter.

✨ En résumé

Entre 18 mois et 3 ans, le langage se déploie comme une fleur : mot après mot, phrase après phrase. En tant que parents, professionnels de la petite enfance ou futurs CAP AEPE, nous avons un rôle essentiel : accompagner, encourager, modéliser, avec bienveillance et patience.

C’est un vrai bonheur de voir un enfant nous dire pour la première fois : “moi t’aime beaucoup”. Et tout commence… avec un mot.