Les frustrations et colères des enfants : comment réagir entre bienveillance et bien-traitance sans se laisser marcher dessus ?
- audrey ALLIAGA
- il y a 6 heures
- 3 min de lecture
Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de la nécessité de ne pas frustrer les enfants, de les écouter, de les laisser exprimer leurs émotions librement. Et c’est vrai : l’enfant a besoin d’un cadre sécurisant pour apprendre à reconnaître, accueillir et gérer ce qu’il ressent. Mais parfois, les discours actuels finissent par rendre les parents un peu perdus, voire coupables au moindre « non ».
Et pourtant, la frustration fait partie de la vie et c’est même un pilier indispensable du développement de l’enfant.
Pourquoi les jeunes enfants sont-ils si souvent frustrés et en colère ?
Entre 18 mois et 3 ans, l’enfant traverse une période où ses besoins d’autonomie explosent : il veut faire tout seul, choisir tout seul, décider tout seul… mais son cerveau, lui, n’est pas encore capable de gérer la frustration. Résultat : des tempêtes émotionnelles parfois impressionnantes (pleurs, hurlements, voire jet d’objets ou morsures).
👉 Ces colères sont normales, elles témoignent de son immaturité neurologique. C’est à force de vivre ces moments et grâce à l’accompagnement de l’adulte qu’il apprendra peu à peu à réguler ses émotions.
Bienveillance, oui, mais sans renoncer à son rôle de parent
Être bienveillant ne signifie pas tout accepter. Dire non à un enfant, poser un cadre clair, le frustrer parfois, c’est aussi une forme de bien-traitance. C’est justement parce qu’il a besoin de repères qu’un enfant doit entendre qu’il ne peut pas tout avoir, tout de suite.
Les parents d’aujourd’hui commencent d’ailleurs à reprendre leur place. Beaucoup se sont rendu compte qu’en voulant éviter les pleurs à tout prix, on finissait par se laisser gouverner par un petit de 2 ans… ce qui n’est pas rassurant du tout pour lui !
Comment réagir face aux frustrations et colères ?
✅ Accueillir l’émotion : « Je vois que tu es très en colère parce que tu voulais encore jouer et c’est l’heure du bain. »Cela aide l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent.
✅ Maintenir le cadre : « Je comprends, mais maintenant c’est l’heure. »Le cadre ne bouge pas, même si on peut proposer un petit choix pour qu’il ait une impression de contrôle (« Tu veux emmener ton canard ou ton bateau dans le bain ? »).
✅ Rester ferme et doux à la fois : la fermeté bienveillante n’est ni dure ni agressive, mais claire et constante.
✅ Ne pas se laisser entraîner dans la crise : pas besoin de négocier sans fin, de menacer ou de céder. Rester calme (même si à l’intérieur ça bout parfois !) est la meilleure manière de montrer l’exemple.
La frustration : un cadeau pour plus tard
Chaque fois qu’un enfant apprend à attendre, à différer son envie, à accepter une frustration, il muscle son cerveau pour la vie adulte. C’est ce qui l’aidera plus tard à supporter une déception, patienter pour atteindre un objectif, ou accepter qu’on ne peut pas tout avoir.
Alors oui, nos enfants ont besoin d’un regard bienveillant, d’écoute, de respect. Mais ils ont aussi besoin qu’on tienne le cap, qu’on leur dise non quand c’est nécessaire.
C’est là qu’on retrouve la belle complémentarité entre bienveillance et bien-traitance : on accueille les émotions de l’enfant tout en lui offrant un cadre solide, parce qu’on sait ce qui est bon pour lui, même s’il ne le comprend pas encore.

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